Philippines : la province d"'Iloilo signale 14 cas d'encéphalite japonaise et 4 décès au cours des 5 premiers mois de 2023

Aux Philippines, les autorités sanitaires de la province d'Iloilo, dans la région des Visayas occidentales, signalent 14 cas d'encéphalite japonaise (EJ) confirmés en laboratoire, dont quatre décès, entre le 1er janvier et le 3 juin de cette année. Neuf d'entre eux appartiennent à la tranche d'âge des 4 à 10 ans, deux à celles des 11 à 20 ans et des 21 à 30 ans, et un avait moins d'un an. Deux des quatre victimes sont originaires de Barangay Lapayon, dans la municipalité de Leganes, et une autre de Barangay Cabilauan, à Barotac Nuevo, et Dela Peña, à Barotac Viejo.

Cette situation a incité les autorités à exhorter le public à appliquer la stratégie de lutte contre l'EJ reposant sur quatre points : rechercher et détruire les gîtes larvaires, appliquer les mesures d'autoprotection, consulter rapidement et accepter la pulvérisation d'insecticide.

Quelques éléments sur l'épidémiologie de l'EJ aux Philippines : Un article récemment publié dans la revue International Journal of Infectious Diseases donne des éléments récents sur l'épidémiologie de l'EJ aux Philippines. Ces données qui sont issues de différents réseaux de surveillance en place dans le pays portent sur la période 2014/2017Les principales informations retirées de cet article sont les suivantes : 

  • Sur la période étudiée, le nombre de cas a augmenté de manière constante
  • Des cas d'EJ sont signalés tout au long de l’année, le plus grand nombre de cas étant enregistré entre juillet et octobre
  • Des cas suspects d'EJ ont été signalés dans toutes les régions et dans 91,5% (75/82) des provinces du pays, avec cependant de grandes différences entre les régions.
  • Les régions du nord du pays présentaient des taux d'incidence annuels estimés plus élevés chez les enfants âgés de moins de 15 ans : Région de la Vallée de Cagayan 3,1/100 000 (IC à 95 % 2,2-4,4), Région d’Ilocos 2,6/100 000 (IC à 95 % 1,8-3,5), Région administrative de la Cordillère 2,6/100 000 (IC à 95 % 1,4-4,3), Luzon central 2,1/100 000 (IC à 95 % 1,6-2,6).
  • Si l'on ventile davantage les données par province, les taux d'incidence annuels les plus élevés (chez les enfants âgés de moins de 15 ans ont été enregistrés dans les provinces septentrionales de La Union (région d’Ilocos) (5,9, IC à 95 % 3,1-10), Cagayan (région de la Vallée de Cagayan)  (5,7, IC à 95 % 3,5-8,8), Pampanga ( région de Luçon central) (4,5, IC à 95 % 3,1-6,2).

Rappels sur l'encéphalite japonaise :

L'encéphalite japonaise est due à un virus (JEV, Japanese encephalitis virus) de la famille des Flaviviridae. Il est transmis par des moustiques du genre Culex qui se reproduisent plus particulièrement dans les rizières inondées. Le virus circule chez les oiseaux et les porcs. Le moustique vecteur a son pic d'activité au crépuscule et à l'aube et reste actif toute la nuit.

La plupart des infections par le virus de l'encéphalite japonaise sont bénignes (fièvre et céphalées) ou sans symptômes apparents, mais environ une infection sur 250 entraîne une maladie grave caractérisée par l'apparition brusque d'une forte fièvre, de maux de tête, une raideur de la nuque, une désorientation, un coma, des crises convulsives, une paralysie pouvant entraîner le décès.

La maladie est peu fréquente chez le voyageur. La prévention de l'encéphalite japonaise repose sur la stratégie suivante.

1. Le respect des mesures individuelles de protection contre les piqûres de moustiques :

  • se protéger contre les piqûres d'insectes, notamment par l'application de répulsifs, en particulier sur les parties non couvertes ;
  • dormir la nuit sous une moustiquaire de préférence imprégnée d'insecticide ;
  • porter des vêtements légers, amples et couvrants (manches longues, pantalons et chaussures fermées).

2. La vaccination contre l'encéphalite japonaise : 

Ses indications ont été précisées dans un avis du Haut Conseil de la santé publique du 20 décembre 2013 et concernent :

  • les voyageurs amenés à séjourner en zone endémique (quelle qu'en soit la durée), avec exposition en milieu extérieur (cyclisme, camping, randonnée, travail à l'extérieur), plus particulièrement dans les zones rurales : zones où l'irrigation par inondation est pratiquée (rizières), à proximité d'élevages de porcs, en période d'épidémie (ou de circulation accrue du virus chez l'animal dans les pays à couverture vaccinale élevée chez l'homme) ;
  • les personnes expatriées dans un pays situé dans la zone de circulation du virus ;
  • toute personne dont la situation est jugée à risque par le médecin vaccinateur.

Le schéma vaccinal consiste à administrer deux doses vaccinales de 0,5 mL à 28 jours d'intervalle chez les adultes, les adolescents et les enfants à partir de l'âge de 3 ans. Pour les enfants âgés de 2 mois à moins de 3 ans, on administre deux demi-doses (0,25 mL) à 28 jours d'intervalle. Il est maintenant possible, chez l'adulte âgé de 18 à 65 ans, d'effectuer un schéma accéléré en deux doses administrées à 7 jours d'intervalle. Le schéma d'administration de dose(s) de rappel est fonction de la persistance de l'exposition au risque et de l'âge du patient.

Source : Outbreak News Today

Auteur
Docteur Patrick GEROME
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